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A mon Père

Y a tant d'amour, de souvenirs, y a tant de larmes et de sourires à travers toi Pa, que jamais, jamais,tu me quitteras

Profitez de vos parents si vous les avez encore,la vie est courte !

Un père c'est les heures qui espèrent, un futur fait d'hier

Il nous confie une vie entière, de printemps et d'hiver

Avril  2003 Bruno

Je me permets de vous faire part d'une expérience de vie

de Octobre 2002 à (Aout) 2008 

écrire ce témoignage (en Avril 2003)

a été pour moi ma façon de partager cette découverte.

N’y a-t-il pas de la bonté dans ce Monde ?

Ou seul l’intérêt matériel et égoïste compte,

un monde où seules les valeurs d’efficacités, de rentabilités sont reconnues,

où l’on n’hésite pas à écraser les autres sur son chemin par tous les moyens

pour arriver à son but. La mesquinerie et la superficialité que çà soit dans les milieux professionnels ou familiaux.

 

Ne vivons nous pas parfois dans une société où l’efficacité,

la rentabilité priment souvent sur la qualité ?

Qualité du travail, mais aussi qualité des échanges avec les autres.

Dés l’enfance, on apprend que tout doit être gagné : l’argent bien sur, la carrière, mais aussi la reconnaissance, l’acceptation par les autres,

la gratitude et même l’affection…

Il nous semblerait presque que la seule justification de notre existence soit sa productivité, lorsque que nous rencontrons quelqu’un pour la première fois

nous éprouvons le besoin de le situer.

 

Il est intéressant de constater que nous n’avons rien de plus pressant à demander que ceci : Quelle est sa profession ? Qu’a-t-il réalisé jusqu’à présent ?

Après cela nous savons à quoi nous en tenir…

Il y a aussi le concept (pas le temps)

ne pas avoir le temps est devenu preuve d’excellence : j’ai pas le temps,

n’est pas inscrit au passif de la personne, comme s’il lui manquait quelque chose, mais considéré comme positif, comme un symbole de prestige.

Je pense que les gens ne s’aiment qu’au conditionnel, ils attendent que l’autre change et devienne comme ils le désirent.

J’avais ce besoin d’avoir sur l’être humain un regard différent,

un fossé s’était creusé entre moi et les gens, et la tempête faisait rage

dans mon esprit et à mi-chemin du voyage de ma vie

je ne voyais plus qu’une forêt sombre,car je m’y étais perdu...

Finalement j’allais trouver la bonne voie mais dans l’endroit le plus inattendu….

 

Les Unités de soins Palliatifs… ?

Je découvre qu’il y a encore des humains, des hommes des femmes qui aiment faire du bien autour d’eux, qui savent venir en aide sans donner l’impression d’assister, par pitié ou par un honneur personnel.

Le samedi 21 avril 2001; Notre Père est depuis une semaine dans ce service

de soins palliatifs atteint d’un cancer de l’intestin qui s’est généralisé;

nous sommes là proche de lui, ma mère et mon frère.

 

Cet homme nous regarde, avec dans ses yeux des larmes affectueuses,

bien que rien ne sait dit entre nous quatre, on se sent très proche,

ce que nous vivons maintenant d’essentiel se transmet plus par la parole mais plutôt par une qualité de présence, les derniers échanges ont une valeur sans égale. Puis vains ce jour tant redouté du 21 avril ou Papa, à 16h, décida de nous quitter.

Ma conviction personnelle est que Dieu

ne nous abandonne pas lors de notre mort

mais il continue de nous soutenir dans la mort et au-delà.

Ma foi en Dieu m’a assuré qu’au loin brillait une lumière.

Je sais qu’après la mort il y a la Résurrection.

 

Mais malgré ma foi en Dieu, me voilà dans cette prise de conscience de la mort,

je sais qu’il va me falloir faire un travail de deuil, je sais aussi que rien ne saura plus comme avant, et je suis pris dans une blessure du cœur

dans ce passage a vide cette souffrance physique et morale ce manque de goût

à la vie. Mon père me manque tellement, nos échanges, nos regards, cette assurance qu’il avait, cette patience et cette minutie des choses, son courage...

Mais il me faut peu à peu retrouver goût de continuer. Il y a des évènements dans la vie qui font qu’on n’a pas le choix, on doit s’adapter. Pour ma part je ne peux m’adapter à cette vie de souffrance. J’ai besoin d’amour certes, de justice, de paix, mais plus fondamentalement de signification.

Et je décide de donner un sens à cette douleur, me rendre utile. C’est pour cela que depuis octobre 2002 j’accompagne des personnes dans leur cheminement de fin de vie dans une unité de soins Palliatifs à l’Hôpital sur Lille.

 

Dans la formation que j’ai reçu et les visites de nombreux Hôpitaux,

je découvre qu’il Émane des ces personnes que je rencontre : Médecins, infirmières, aides-soignantes, intervenants, bénévoles, un même regard humain, une même tolérance, une même humilité, une même écoute à l’égard de ces personnes atteintes dans leur corps et dans leurs cœurs.

Ne serait-ce pas cela que nous appelons la Compassion ?

" j’étais malade et vous m’avez visité "

En vérité je vous le déclare chaque fois

que vous l’avez fait a l’un de ces plus petits

de mes frères c’est à moi que vous l’avez fait (Mt 25,40)

Tous les jeudis après-midi je me retrouve dans cette engagement que j’ai pris : Accueillir, écouter, soutenir le malade et ses proches, sans distinction d’origine, de nationalité, de religions, ni de conviction philosophique, assister aussi au groupe de paroles un fois par mois et des formations continue sur l’année.

L’accompagnement est aussi de reconnaître en entrant dans la chambre que le malade est une personne unique, digne d’être aimée et respectée pour elle même qu’elle que soit sa condition physique, sociale, psychologique et spirituelle. En arrivant dans le service je passe dire bonjour aux infirmières je demande le nécessaire d’informations que je suis autorisé à savoir : l’état de santé général du patient, s’il a eu des visites, elle m’informe des nouveaux patients qui viennent d’entrer dans le service.

 

Puis je regarde le carnet de transmission, sur lequel tous les bénévoles notent les personnes qu’ils ont visités dans les chambres, ainsi que leurs impressions leurs échanges je peux lire :

 

Mme .....Bon échange, a besoin d’être rassure sur sa maladie, Mr ..... 45 ans personnes très calme peu de visite fatigué partage son angoisse car il passe un scanner demain. Mme ....72 ans souhaite rester seule pas de visite de bénévole. Mr ..... 48 ans communication difficile et non verbale. Mr .....35 ans bon échange famille très présente et angoissée. Mme .....41 ans bon échange contente de la visite des bénévoles a besoin de parler.

Ce carnet nous aide avant d’entrée dans la chambre, il nous informe sur le patient, son âge, sa situation parfois, et les échanges entre tous les bénévoles, les familles. Après lecture de ce dernier je vais rendre visite aux personnes que j’ai rencontré la dernière fois. Il y a des regards qui touchent, des gestes qui parlent.

 

Le patient perçoit tout à fait la main tendre, brutale ou méprisante. La présence attentive auprès de celui qui s’en va est souvent, j’en suis bien conscient une expérience éprouvante, mais je n’ai aucun merci à recevoir du patient ou de la famille quand on me dit parfois félicitations pour ce que vous faites, je dis que je reçois autant que j’ai donné c’est un échange rien de plus.

Je me suis vu parfois accueilli comme une présence inespérée, parfois rejeté comme un intrus, la rencontre avec une personne qui se prépare à mourir commande une attention et un respect particulier, je suis jamais sur de revoir cette personne.

Je pourrais vous parler de tous ces moments forts, ces échanges, ces regards, ces paroles de patient; voici quelques mots quelques phrases échanger

:

Je passais voir cette dame Mme .... elle était ravie de me parler de sa vie et plus particulièrement de ses parents et le vécu qu’elle avait eu avec eux.

La semaine suivante son état s’aggravait et nos échanges furent plus différents,

un regard, une pression de la main à un moment alors qu’elle sommeille un peu

 

elle me regarda et me dit : vous savez, tous mes papiers sont fait et je n’ai plus qu’à me laisser vivre, enfin si on peut appeler sa vivre. Le jeudi suivant j’ai appris par le carnet de liaison qu’elle était partie dans la nuit .

Un échange aussi que j’ai eu à l’Hôpital avec Mme .... elle me raconta qu’elle allait partir habiter ailleurs, puis dans la discussion elle m’a dit qu’elle allait demander l’aide des déménageurs et de ses amies. Je lui ai dit qu’elle était bien ici et qu’on s’occupait bien d’elle mais que si elle désirait déménager qu’elle n’oublie pas de me laisser sa nouvelle adresse pour que je lui rende visite, et là elle me réponds tu le verras dans le journal je comprenais pas où elle voulait en venir puis elle a ajouté: oui si je suis sous terre et

 

elle me fit signe de la main indiquant le sol. Tu le verras dans le journal.

Un échange avec M... en rentrant dans la chambre il me dit qu’il aimait bien l’odeur de la pêche car la dame était passé nettoyer la chambre et avait mis du déodorant à la pêche, ce Mr était en fin de vie et je n’étais plus sur de le revoir le jeudi suivant. Je suis passé demander aux infirmières s’il pouvait manger un fruit (ce fruit en l’occurrence); Elles m’ont dit que oui, le jeudi suivant je lui ai ramené une pêche et j’ai pu lui en donner un morceau.

 

Son regard était pleins d’affection que je ne peux d’écrire par les mots.

Au coeur de situations douloureuses, parfois dramatique je peux attester

qu'il y a des fins de vie lumineuse, et riche de sens,

annonçant la vie éternelle commencée ici-bas.

Le don de soi est contagieux, donner dans sa forme la plus pure sans rien attendre de retour. La vie est précieuse, dans nos rires, nos pleurs, nos querelles et nos amours, vivons pleinement chaque instant. Il est impossible de mettre la vie en stock ou de l'enfermer dans un coffre-fort. Nous ne savons jamais quand elle va s'arrêter.

 

Les jours où la peine engendrée par la mort d'un être cher nous paraît trop insupportable, la pensée que Dieu est présent avec nous dans l'épreuve renouvelle nos forces et notre courage. Il pleure avec nous, il relève nos têtes et nous prépare pour le jour où nous aussi nous entrerons dans la gloire du Royaume qui se trouve dans l'au-delà.

 

Là, et seulement là, nous comprendrons pourquoi

nous naissons, nous vivons et nous mourons.

Vivez l'instant présent, (sans le “je n’ai pas le temps”) profitez de tout,

ne cherchez pas d'explication à la souffrance, trouvez lui un sens,

faites chacun votre possible et Dieu fera germer en son temps les graines d'espérance que vous aurez semées. La seule chose que nous savons,

c'est qu'il y a la vie à empoigner de suite, il n'y à rien

de plus fugitif que le présent.

Quinquagénaire, je sais ce qui me manque. L’épaisseur des jours, la fluidité du temps. se dire bonjour, et se retrouver à rire, à partager des petits, des grands moments, des pleurs, des engueulades, ton regard, ton écoute, et tes justes conseils de Père, juste vivre encore un peu l’instant sans jamais se poser la question de savoir si quelque chose d’autre nous séparerait que le temps qui passe, mes enfants qui grandissent et mon corps qui vieillis. y a tant de souvenirs et de sourires à travers toi Padré, je peux, à travers ta vie et ta mort, comprendre un peu le monde, ce que tu m’as appris, et de regarder aussi en face ce qu'il y a de bon et de mauvais en moi, regarder en face la vie et la mort, ce que j’ai accomplie, ce que je désire désormais, regarder en face, à travers ma propre vie, la disparition et la renaissance, la renaissance et la disparition de tout ce qui vit est de tout ce qui est éternel, à bientôt auprès de notre Seigneur jésus.

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